Philippe Taipa Pinerd

Je m'appelle Hyocksung Kwon et j'ai obtenu mon diplôme de l'Université Yonsei en Corée. J'ai fait des études en sciences politiques et relations internationales, où j'ai pratiqué le Taekwondo avec Phillip. Je dirige actuellement trois écoles de Taekwondo dans la région du sud de la Californie. Voici l'histoire de mon frère français.

J'ai rencontré Phillip lorsque j'étais en deuxième année à l'université, à l'Université Yonsei. Il était si rare qu'un étranger vienne en Corée pour s'entraîner au taekwondo à cette époque, du moins en aspirant à devenir un Olympien. Il y avait beaucoup d'étudiants en échange à l'Université Yonsei à cette époque, mais Phillip était différent dès le début.

Tout d'abord, il excellait dans le combat de Taekwondo, probablement mieux que la plupart d'entre nous. C'était un peu surprenant pour nous - qu'un garçon blanc puisse donner des coups comme ça. Deuxièmement, je n'avais jamais vu d'étranger parler coréen comme lui. Et surtout, il avait ce cœur généreux. Il avait un sens très particulier pour repérer quelqu'un qui avait besoin d'aide. Il était fauché mais toujours prêt à aider et à servir les autres. Il était plus coréen que la plupart des Coréens. Il avait même des colères coréennes.

Ce qui suit est mon souvenir le plus cher avec Phillip.

Nous avons eu un petit incident lors d'un des tournois auxquels nous avons participé. Il y a eu un différend sur les scores avec une autre équipe de Taekwondo (Université nationale de Séoul). L'argument verbal s'est rapidement transformé en bagarre entre deux équipes sur le sol. Des poings et des chaises volaient partout. Les compétiteurs et les arbitres ont fui. Tous les matchs en cours ont été arrêtés et c'était un chaos complet. Au milieu de cette folie, j'ai vu que Phillip se battait aussi. J'étais consterné et je lui ai crié en coréen:

« Hé Phillip, tu es un étranger. Tu ne devrais pas t'impliquer comme ça. »

« F@&# !, mes frères se battent, alors je me bats avec eux ! »

Après que l'ordre a été rétabli et que le tournoi a repris. Phillip est devenu le premier étranger à remporter une médaille dans n'importe quel tournoi universitaire coréen.

Nous avons eu des moments agréables et des moments difficiles ensemble, mais il n'a jamais changé qui il était.

Pendant nos années universitaires, nous avons dû endurer un traitement brutal de la dictature militaire. Presque tous les jours, il y avait des manifestations et des violences sur le campus dans toute la Corée. La police anti-émeute est entrée sur notre campus et a tiré des gaz lacrymogènes pour disperser et arrêter les étudiants militants.

Un jour après l'entraînement alors que nous étions sous la douche, des bombes lacrymogènes ont explosé à l'extérieur de la fenêtre. Nous avons commencé à pleurer et à tousser. De colère et de frustration, Philippe a fait un mouvement de tête. Il a brisé la vitre de la fenêtre avec son poing et s'est fait une grosse coupure ! Il saignait abondamment, j'ai dû l'emmener aux urgences de l'hôpital du campus pour le faire recoudre. Le seul problème était l'assurance étudiante que Philippe n'avait pas. J'ai dû implorer le personnel de l'hôpital de nous donner un traitement gratuit. Et d'une manière ou d'une autre, ils l'ont fait. Il porte toujours la cicatrice sur sa main. Cela aurait pu être bien pire.

Le lendemain, avec le plus grand sourire sur son visage, il a déclaré: “Hé, j'ai eu beaucoup de Bulgogy (boeuf coréen) pour le sang perdu”.

Nous étions tous des jeunes étudiants fous et joyeux, mais Phillip avait un état d'esprit différent et un objectif clair en tant qu'athlète. Il s'entraînait plus dur que quiconque. Nous nous entraînions ensemble et traînions ensemble. Il avait un charme magique qui attirait les gens autour de lui. Peut-être que c'était son sens de l'humour ou peut-être était-ce sa capacité linguistique incroyable. Ou peut-être était-ce sa personnalité espiègle, mais aimable ?

Il a même offert une greffe de foie pour mon père qui mourait d'un cancer du foie. Ce n'est pas une chose facile à offrir, mais c'était juste un Phillip typique.

Après le décès de mon père, j'ai rejoint les Marines et Philip est devenu une célébrité en Corée, apparaissant dans des livres et des émissions de radio. S'il y avait eu Internet à cette époque, il aurait été une étoile bien plus grande.

Maintenant, alors que nous sommes reconnectés après 30 ans de l'autre côté du monde, je vois un homme avec une foi, une sagesse, une maturité et une connaissance qui viennent avec l'âge. Il a toujours cette passion ardente et cet amour pour l'art. Il est le même Phillip que j'ai rencontré il y a 35 ans.

J'ai rencontré Phillip pour la première fois il y a 35 ans au temple de Séoul Yongam, où je séjournais avec une apparence stoïque, avec des yeux et un cœur semblables à ceux d'un Coréen. Criant avec un esprit de Taekwondo, il pratiquait des mouvements de Taekwondo. Parlant espagnol, anglais, français, des langues africaines et coréen, il effectuait diligemment des mouvements de coups de pied devant le Hall du Bouddha où le Bouddha est honoré.

Que pourrait avoir dit le Bouddha ?

Le jeune homme dans la vingtaine aurait-il également eu l'illumination profondément ancrée dans son cœur et son esprit ? Un jeune artiste martial qui a passé plusieurs années en Corée à apprendre le coréen et le Taekwondo.

Pendant mes années d'université, je suis également allé avec mon jeune frère Phillip à Yangyang sur la côte est de la province de Gangwon, au temple de Naksansa, au temple de Sinheungsa, j'ai grimpé au sommet de Daechongbong dans le Seoraksan (photographié), et nous nous sommes tenus devant le temple de Naksasa en prenant des photos ensemble tout en regardant la vaste mer de l'Est. Phillip et moi avons dû avoir de nombreuses réflexions sur notre avenir incertain, un peu comme les vagues déchaînées.

Je suis également retourné au temple après avoir terminé mon service militaire de septembre 1985 à mars 1988 et j'ai vu mon jeune frère, revenu avec un cœur pur tel celui d'un enfant aux yeux bleus.

Ta vie à l'étranger pour tes études n'était pas financièrement abondante, et avec un cœur qui se sentait froid, pauvre et difficile, restant en Corée, persévérant à travers des nuits tardives, supportant des exercices difficiles et éprouvants, tu n'as probablement jamais pensé que la sueur et l'effort que tu as fournis te conduiraient à être invité en tant qu'instructeur de Taekwondo dans plusieurs pays.

La vue de milliers de coups de pied effectués dans la cour devant le temple Yongamsa et dans la forêt de pins derrière le Hall du Bouddha reste encore vivace dans ma mémoire.

La France - où une petite graine de pomme est devenue un grand arbre fruitier résistant aux vents violents et au soleil de Corée, enseignant aux gens du monde entier...

Des jours à voyager ensemble dans notre vigueur juvénile, portant des sacs à dos, prenant des trains et des bus pour Gangneung, s'arrêtant dans de petits restaurants pour remplir nos estomacs avec seulement quelques pièces, et laissant des empreintes dans divers endroits...

Les souvenirs que nous avons partagés ont passé comme le vent, s'envolant en un clin d'œil, suffisamment pour atteindre l'âge de 35 ans...

Avec le temps, un jour, une voix au téléphone disant qu'il est devenu professeur à l'université Keimyung de Daegu. Après cela, le contact a été perdu pendant un certain temps, mais plus tard, il y a eu des nouvelles de lui enseignant le Taekwondo dans le lointain Costa Rica, suivi de nouvelles de son séjour au Pérou...

Encore une fois, un appel sur Facebook de lui enseignant le Taekwondo au Mexique pendant l'hiver 2021. Maintenant, tous les deux, nous portons les rides d'un visage qui signifie que nous avons 50 ans, regardant vers l'âge de 60 ans.

En fermant les yeux et en me remémorant le passé... C'est vraiment fier de voir le jeune plant de Taekwondo devenir un magnifique arbre, enseignant le Taekwondo aux aspirants du monde entier ! Comme des moines pratiquant silencieusement dans les temples.

Mon jeune frère, Phillip, aurait-il également navigué dans le voyage de l'illumination, pratiquant silencieusement dans un uniforme de Taekwondo ?

Les arts martiaux sont une voie. Les actions parlent plus fort que les mots. En le regardant, quelqu'un qui progresse non seulement par les actions mais aussi par le cœur, au cours des 50 dernières années de ma vie en tant que moine au temple de Bongwon, je pense parfois que peut-être Phillip pourrait être un grand mentor dans ma vie. Dans le bouddhisme, quel que soit l'âge, jeune ou vieux, tout le monde et tout dans le monde peut être considéré comme un mentor, car les actions et les enseignements ne sont pas limités par l'âge.

Je pense peut-être que dans une vie antérieure, mon jeune frère Phillip n'était peut-être pas un frère mais plutôt un compagnon de pratique.

Si je devais connaître ma vie passée... mon apparence actuelle serait-elle le résultat du karma que j'ai cultivé dans ma vie passée ? Si je souhaitais connaître mon futur... l'apparence de mes actions actuelles serait le moi futur, comme l'enseigne le Bouddha.

Il y a quelques années, j'ai fait la promesse de diriger une troupe de spectacle d'art au Costa Rica mais je n'ai pas pu la tenir. Maintenant, je suis déterminé à tenir ma promesse et me diriger vers le Mexique, le côté opposé de la Terre depuis la Corée du Sud. Le Mexique n'est pas inconnu dans ma mémoire. Alors que je me remémore les moments passés...

Du 12 au 20 juillet 2003, la Corée a participé au 8ème Festival International de Danse de Zacatecas (Zacatecas, Mexique) avec 33 membres dirigés par l'autorité de la danse coréenne, le professeur Kim Hyang-geun de l'Université Nationale de Changwon.

Même si près de 20 ans se sont écoulés, les cœurs chaleureux des Mexicains et leur danse passionnée restent toujours vivaces dans mes yeux et mes oreilles. La gentillesse enracinée chez ces personnes... Leurs sourires pourraient être les sourires de la Vierge Marie et de Jésus-Christ

Sur le lieu de spectacle devant la cathédrale où se trouvait la croix, le rire animé à la manière des descendants de la civilisation Maya, associé aux rythmes intenses et aux mouvements corporels ressemblant au soleil, a éveillé de nombreuses choses pour les étrangers. De plus, lors d'une messe matinale avec des groupes de performance de différents pays participant au festival à la cathédrale, sur la suggestion du prêtre de jouer de la musique bouddhiste coréenne comme chant de messe devant la statue de la Vierge Marie, j'ai chanté, en portant une robe monastique, pendant environ cinq minutes. En y réfléchissant, c'était un moment qui transcende les cultures orientales et occidentales ainsi que les pays d'Amérique du Sud, rappelant que le domaine de l'illumination peut transcender les temples, les cathédrales et les églises.

Alors que je réfléchis aux souvenirs de Phillip, j'ai l'impression que mon corps et mon esprit sont de retour au Mexique. Au milieu des épreuves d'incertitude que le COVID-19 a apportées à l'ensemble du monde, je me demande si les cris retentissants de Taekwondo de Phillip pourraient même effrayer le coronavirus et l'Omicron, les faisant fuir. Les voix vigoureuses des Mexicains, en sueur et en train de faire de l'exercice, semblent résonner jusqu'en Corée lointaine. Phillip, ta voix semble aussi parvenir ici.

2022, envoyant quelques souvenirs portés par le vent au Mexique, où le soleil brille intensément pendant l'hiver en Corée...

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